Série MASC : Une entrevue avec Chris McKhool de Sultans of String
Cet article fait partie d’une série mettant en vedette des artistes et groupes MASC, un organisme artistique de la région qui créé des ponts en arts et culture en unissant des enfants, des jeunes, des enseignants et des aînés de la communauté à des artistes d’Ottawa-Gatineau.
Par Jessica Ruano
Sultans of String ont été nommés trois fois aux prix JUNO et ont remporté des prix SiriusXM. Grâce à leur carte de visite alliant les reels celtiques, le flamenco, le django-jazz, les rythmes arabes, cubains et sud-asiatiques, les Sultans of String célèbrent la fusion musicale et la créativité humaine avec chaleur et virtuosité tout en réjouissant leur public. Ils ont récemment remporté le prix du meilleur film musical au Festival des films du monde de Cannes pour The Refuge Project — Visual Album. Dans cette entrevue, le chef du groupe, Chris McKhool, parle des projets à venir et de la magie d’être un artiste MASC.
Selon la rumeur, vous récoltez des fonds pour soutenir les collaborations à venir avec une liste impressionnante d’artistes autochtones de toute l’Île de la Tortue dont Crystal Shawanda, Don Ross et Duke Redbird. Qu’est-ce qui a inspiré ce projet et qu’espérez-vous en retirer?
Chris McKhool : Oui, nous enregistrons actuellement notre neuvième album, une magnifique collection de collaborations avec des artistes des Premières nations ainsi que des artistes métisses et inuits de l’Île de la Tortue et du Canada. Nous voulons faire une différence dans le monde à travers la musique que nous jouons, alors nous réalisons cet album dans l’esprit des 94 appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation qui demande aux peuples autochtones et allochtones de travailler ensemble pour montrer la voie à suivre.
Nous savons qu’en tant que société, nous ne pouvons pas aller de l’avant sans reconnaître le passé et y réfléchir. C’est pourquoi nous avons invité des artistes autochtones à partager avec nous leurs histoires, leurs expériences et leurs vies, afin que nous, Canadiens colonisateurs, puissions continuer à apprendre de l’histoire des pensionnats, du génocide culturel et des répercussions intergénérationnelles de la colonisation.
Sultans of String existe depuis 2007 et vous avez travaillé avec de nombreux autres artistes. Au cours de ces quinze dernières années, qu’avez-vous appris sur ce qui fait une bonne collaboration?
Chris McKhool : Pour nous, tout commence par une idée, quelque chose qui nous semble important et qui doit être dit, puis par l’organisation et la prise de contact avec les personnes avec lesquelles nous voulons partager des voix et des opinions. À partir de là, nous avons besoin d’un espace et d’une plateforme où chacun peut être entendu de manière égale et contribuer à la chanson. Nous devons également être ouverts à de nouvelles idées, des idées qui peuvent être différentes des nôtres, et travailler ensemble à l’élaboration d’une déclaration ou d’une œuvre d’art qui reprend les éléments de toutes les idées que les gens apportent.
Avec notre projet actuel, nous collaborons avec le groupe Northern Cree qui crée une musique de pow-wow ne correspondant pas à la forme typique de nos chansons. Cela demande donc plus d’écoute et un travail approfondit pour trouver comment faire le lien entre nos deux mondes musicaux sans interférer ou changer le cœur de ce que fait Northern Cree. Les pièces sont finalement tombées en place et nous avons trouvé la clé et déverrouillé la voie pour que les mondes musicaux se connectent d’une manière respectueuse. La pièce s’est développée à partir de là, en y ajoutant des harmonies et une orchestration de cordes, et elle ne cesse de se transformer et de changer. C’est comme regarder un arbre pousser devant nos yeux à partir d’une graine.
En tant que membre de MASC, que gagnez-vous à proposer vos ateliers dans les écoles et dans la communauté?
Chris McKhool : J’aime vraiment partager la musique et les histoires à travers les arts avec des publics de tout âge. C’est un excellent moyen d’entrer en contact avec d’autres personnes et de partager des réflexions et des idées qui sont importantes à mes yeux, car il y a un élément de construction communautaire dans les présentations que nous développons. Bien sûr, il s’agit d’un concert que s’il y a un public, et en tant qu’artistes, nous nous reconnaissons dans la musique.
Pourquoi pensez-vous qu’il est important pour notre communauté locale d’avoir accès à des artistes professionnels?
Chris McKhool : Pour certains, l’école est le seul endroit où ils peuvent être exposés aux arts, il est donc très important que nous proposions des œuvres artistiques de haut niveau aux élèves. Les jeunes, tout comme les adultes, se servent les arts pour donner un sens au monde qui les entoure ainsi qu’aux sentiments complexes qu’ils éprouvent.
En tant que jeune musicien, j’ai personnellement été très inspiré par les spectacles que j’ai vus tout au long de mes années de primaire et de secondaire, et cela a été une partie très importante de mon cheminement pour devenir moi-même un artiste. J’ai été exposé à des concerts présentés à mon école, à des spectacles dans la communauté, et j’ai même vu l’Orchestre du Centre national des Arts. Ces expériences ont toutes fait partie de l’image globale que je me faisais de la profondeur et de l’étendue de ce qui était possible sur le plan musical.
Pour en savoir plus sur Sultans of String et sur d’autres artistes MASC, lisez notre série MASC, visitez le site web de MASC et suivez-les sur Facebook, Twitter et Instagram.