Fêter la St-Jean ... ou pas. On jase.

Cindy : J’suis sincèrement en train de me demander si je suis intéressée à joindre les festivités de la St-Jean c’t’année. J’suis même pas sûre de savoir ce que ça veut dire fêter la St-Jean. Chacun dans son coin, à Gatineau ou à Ottawa...

Scott : Je dois t’avouer que je suis dans le même bateau. Pendant 9 des 10 années que j’ai été à Montréal, je n’ai participé qu’à une célébration de la Fête nationale, et c’était L’Autre Saint-Jean à Rosemont–La Petite-Patrie. Ils avaient booké Alex Nevsky, Random Recipe, Lisa LeBlanc, Bloodshot Bill*, Dead Obies et Gros Mené. Je trouvais que c’était une Saint-Jean plus moderne et représentative du Québec d’aujourd’hui. C’était aussi la dernière fois que L’Autre Saint-Jean à eu lieu...

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En tant qu’un des organisateur de la Fête nationale à Gatineau l’année dernière, j’ai réalisé à quel point on était restreint. La mission du Mouvement national des Québécoises et Québécois, qui regroupe l’ensemble des activités liées à la Fête nationale dans l’ensemble du Québec, est aussi de défendre la langue française et de faire du Québec un pays. Ça veut dire que toute activité organisée avec l’apport du MNQ doit sensiblement promouvoir cette même mission. Donc ça limite un peu son pouvoir de représentativité et de diversité, surtout quand tu veux offrir une célébration pour tous les québécoises et québécois.

Donc, en regardant la programmation des diverses activités de la Fête nationale en Outaouais et à Ottawa, je peine à trouver une célébration qui me ressemble vraiment. Toi t'en pense quoi Cindy ? 

Cindy : C’est sûr que le MNQ fait la promotion d’une mission qui ne me rejoint (presque) pas mais à vrai dire,  je pense que la majorité des gens ignorent qu’il s’agit d’un événement qui sert à faire la promotion d’une propagande à saveur indépendantiste. En 1977 lorsque la Fête nationale a été officiellement reconnue par le gouvernement de René Lévesque, ça visait à devenir la Fête de tous les Québécois et les Québécoises, et ce, peu importe leurs origines, leur religion et leurs allégeances politiques. Et quand on creuse un peu plus loin dans l’histoire, c’est intéressant de constater que cette fête était d’abord appelée la fête nationale des Canadiens français et elle servait à rappeler aux francophones qu'ils partageaient une identité nationale commune… J’ai été sensibilisée à cette réalité très tard, peut-être même trop tard. Je dois t’avouer que depuis que je suis arrivée dans la région et que je côtoie davantage la réalité anglophone, je m’étonne moi-même à réaliser que je suis d’abord francophone avant d’être Québécoise. Il s’agit d’un long processus de tergiversations identitaires, c’est ce qui peut probablement expliquer pourquoi je n’ai pas encore foulé le sol ottavien pour célébrer la St-Jean avec les francophones qui s’y trouvent.

Sinon, depuis ma tendre enfance, j’ai toujours apprécié les festivités organisées dans mon village ou dans mon quartier. Je me souviens des Fêtes nationales organisées dans Villeray (celle avec Bernard Adamus, c’était épique. Justin Trudeau qui était alors député de la circonscription de Papineau s’était fait huer pendant son discours d’ouverture de la soirée!). Ces dernières années, je suis allée profiter des soirées du festival L’Outaouais en fête à Aylmer. Cet événement qui se déroule sur quatre jours sur le bord de l’eau est chapeauté par Impératif français, une organisation qui a fait évoluer sa vocation entourant les festivités de la St-Jean et est devenue le festival de la francophonie faisant la promotion de la culture d’expression française. J’aime particulièrement les discours enflammés de Jean-Paul Perreault!

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Vivement l’année dernière lorsque les organisateurs de la Fête nationale à Gatineau (!) ont mis le grappin sur la Bottine souriante comme tête d’affiche. Ce fut du pur bonheur de voir rassembler des milliers d’âmes dans le Vieux-Hull. La St-Jean, on dira ce qu’on voudra mais c’est effervescent.

Moi je dis, explorons les possibilités et profitons de cette occasion pour déconstruire notre propre vision de notre identité et la reconstruire sur des bases bien conscientes et réfléchies. Mais surtout, célébrons l’occasion de réunion que cette journée propose.

Scott : T’as entièrement raison ! Pis avec quatre célébrations bien distinctes dans la région, c’est pas les options qui manquent. Je ne sais pas encore laquelle je vais choisir, ou si je vais me retrouver à un événement complètement à part, mais j’ai hâte de voir les francophones, les francophiles, les québécois et québécoises célébrer à leur propre façon.

*En 2009 quand L’Autre Saint-Jean avait booké Bloodshot Bill, ça avait créé un tollé car il chante en anglais et en français.