Série MASC : une entrevue avec l'artiste Fana Soro
Cet article fait partie d’une série mettant en vedette des artistes et groupes MASC, un organisme artistique de la région qui créé des ponts en arts et culture en unissant des enfants, des jeunes, des enseignants et des aînés de la communauté à des artistes d’Ottawa-Gatineau.
Par Jessica Ruano
Fana Soro, originaire de la tribu des Sénoufos du nord de la Côte d’Ivoire, a passé 9 ans au sein du prestigieux Ballet national de Côte d’Ivoire. Il a également effectué une tournée avec le célèbre groupe ouest-africain Super Djembé Kan. Fana s’est ensuite installé au Canada où il a fondé Masabo, un groupe de spectacle spécialisé dans la musique, la danse et le conte traditionnels d’Afrique de l’Ouest.
Yamo! Yamo! J’ai vu des photos d’enfants dans vos ateliers. Ils sont toujours lumineux! Qu’est-ce qui rend les gens si heureux en jouant du tambour?
Fana Soro : Je crois que le son produit par le djembé est très unique. Le djembé ne produit que trois tonalités, donc une grande partie de la créativité revient à l’artiste. Cela signifie que le jeu de tambour est adapté aux émotions du musicien. Si vous vous sentez heureux un jour, le son du tambour le sera aussi. Si vous êtes en colère, le tambour le sera aussi. Le djembé est un tambour qui parle avec le musicien et qui donne de l’énergie à tous ceux qui entendent son battement. Je crois que c’est pour cela qu’il rend les gens heureux. Le djembé est utilisé pour communiquer ce que les gens ressentent, c’est une des raisons pour lesquelles il est si souvent utilisé pour les grandes cérémonies qui rassemblent la communauté. Il parle à tout le monde!
Vous êtes un maître héréditaire du balafon, le grand xylophone en bois d’Afrique de l’Ouest. Quelle responsabilité ressentez-vous pour partager vos traditions et votre musique avec le reste du monde?
Fana Soro : J’ai la responsabilité de partager ma musique et mes traditions parce que je crois que le partage des connaissances et de la culture est le moyen de faire grandir la prochaine génération. Plus nous partageons les uns avec les autres, plus nous sommes connectés. Il faut tout un village pour élever un enfant et je suis responsable d’y contribuer. Je ressens également le besoin de partager ma culture, car peu de gens en Amérique du Nord sont exposés à la beauté de la culture africaine traditionnelle. Nous voyons souvent des images et des stéréotypes négatifs de l’Afrique dans les médias. Mon objectif est de contribuer à changer ces images et de montrer à quoi ressemble vraiment le continent africain.
Les danses ouest-africaines que vous enseignez sont d’une grande énergie. Comment votre corps et votre âme se sentent-ils lorsque vous enseignez ou exécutez ces danses?
Fana Soro : « Libre » est le mot le plus exact pour décrire les danses que j’enseigne. Lorsque je les exécute, je ressens la liberté de m’exprimer, la liberté de me lier aux autres et aussi la liberté de mon âme. Les danses à haute énergie sont aussi un moyen de soulager mon esprit et mon âme du stress et j’enseigne aux autres dans l’espoir qu’ils puissent ressentir la même chose. De plus, beaucoup de mes danses traditionnelles sont liées à des histoires racontées dans le village. Des histoires de joie, de triomphe, de communauté et de croissance. Ce sont des émotions que l’on peut ressentir lorsque j’enseigne et que je danse, car j’ai l’impression de ne pas seulement bouger, mais aussi de raconter des histoires.
En tant que membre de MASC, que gagnez-vous à proposer vos ateliers dans les écoles et dans la communauté?
Fana Soro : Ce que je gagne avec MASC, c’est une meilleure compréhension des jeunes et du système scolaire. Je rencontre les directeurs d’écoles, les enseignants et les élèves grâce à mes spectacles et mes ateliers. Ils me rappellent que chaque école est unique, et que je peux apprendre de chaque représentation que j’ai avec eux. J’ai également l’occasion de rencontrer d’autres artistes, que ce soit sur les mêmes scènes ou lors d’événements organisés par MASC. Les artistes de MASC me donnent un aperçu et un point de vue différent sur la façon dont ils partagent leurs passions par le biais de l’éducation.
Pourquoi pensez-vous qu’il est important pour notre communauté locale d’avoir accès à des artistes professionnels?
Fana Soro : Je pense que c’est important parce que cela favorise la diversité au sein de notre communauté locale. Nous pouvons partager nos expériences, nos croyances et nos cultures grâce à l’art professionnel! Nous sommes également exposés à des formes d’art que nous ne voyons peut-être pas sur nos plateformes médiatiques grand public. Passer du temps dans la communauté locale renforce également les liens futurs : si vous voulez entrer en contact avec un artiste professionnel, vous savez comment le trouver et l’inviter à revenir dans votre communauté. On ne sait jamais, certains artistes professionnels peuvent même être nos voisins!
Pour en savoir plus sur Fana Soro et sur d’autres artistes MASC, lisez notre série MASC, visitez le site web de MASC et suivez-les sur Facebook, Twitter et Instagram.