Série MASC : une entrevue avec Twin Flames

Photo du duo Twin Flames, gracieuseté de MASC.

Photo du duo Twin Flames, gracieuseté de MASC.

Cet article fait partie d’une série mettant en vedette des artistes et groupes MASC, un organisme artistique de la région qui créé des ponts en arts et culture en unissant des enfants, des jeunes, des enseignants et des aînés de la communauté à des artistes d’Ottawa-Gatineau.

Par Jessica Ruano

Twin Flames est un groupe de musique primé dirigé par Jaaji, un Inuk Mohawk originaire du Nunavik, et Chelsey June, une Algonquine Cri Métis d'Ottawa. Leurs chansons incitent à la réflexion et éduquent doucement le public sur les réalités de l'histoire et des enjeux actuels des Autochtones et des Inuit. Battlefields, leur dernier single, relate de la fin de la stigmatisation associée à la santé mentale. Dans cette entrevue, Jaaji et Chelsey June racontent leur vie en tournée et comment ils s'adaptent à la COVID-19 en tant qu’éducateurs artistiques.

Jessica : Une chose qui est très évidente dans votre musique et à travers votre présence dans les médias sociaux, c'est à quel point vous êtes TOTALEMENT EN AMOUR. Pouvez-vous nous parler de certains avantages (et peut-être aussi des défis) de la collaboration à plein temps avec votre partenaire romantique?

Twin Flames : Nous sommes très chanceux de nous être trouvés. Nous aimons travailler ensemble et nous nous complétons de tant de façons. En tant que couple, nous nous efforçons d'être complètement honnêtes l'un envers l'autre à tous les égards et cela se répercute sur notre vie professionnelle. Nous sommes capables de se critiquer mutuellement de façon constructive et d'améliorer continuellement notre musique et nos textes. 

En tournée, nous sommes toujours ensemble et nous adorons cela. Nous créons des souvenirs communs grâces aux moments incroyables que nous vivons sur scène, pendant nos voyages et tout le temps passé ensemble. Les tâches sont plus faciles parce que nous les partageons : posséder notre propre entreprise, créer de la musique, écrire des chansons, gérer les médias sociaux, les relations de presse, les ateliers scolaires, jouer la comédie, être parfois mannequin, être consultant, élever nos enfants. C'est comme si nous partagions un cerveau, et notre corps nous permet de tout faire. Mais nous avons encore parfois l'impression d'avoir besoin de clones!

Jessica : Vous aviez prévu une grande tournée pour cette année. L’annulation de cette tournée a dû avoir de sérieuses répercussions financières, en plus d’être une énorme déception pour vous et vos fans. Comment avez-vous réussi à vous adapter et à partager votre musique pendant cette pandémie? 

Twin Flames : Au début, c’était très difficile de ne pas savoir ce qui allait se passer, mais l'inattendu peut survenir à tout moment. Le monde entier attend encore de voir ce qui va se passer après la COVID-19. Y aura-t-il jamais un « après »? C’était effectivement un sérieux coup financier, mais plusieurs de nos spectacles ont été reportés plutôt qu'annulés, ce qui est encourageant. MASC a pris les devants en remettant à ses artistes 50 % des cachets de concerts annulés en raison de la pandémie et nous a aidés à proposer des concerts scolaires en ligne. Nous avons également été très occupés avec des spectacles préenregistrés pour la télévision et les centres d'arts du spectacle. Cela dit, ce qui a occupé le plus de notre temps, c'est la finition de notre nouvel album OMEN, dont la sortie est prévue pour août 2020. Nous avons construit notre propre studio d’enregistrement à la maison afin de le terminer. 

Jessica : L'année dernière, le Centre national des Arts a lancé sa toute première saison de Théâtre autochtone et, un an plus tôt, 95.7 ELMNT FM, une station de radio d'Ottawa axée sur les artistes autochtones, est entrée en ondes. Comment cet élan national en faveur des arts autochtones a-t-il eu un impact sur votre façon de naviguer dans l'industrie de la musique? 

Twin Flames : Nous croyons que toutes les plateformes qui permettent aux voix autochtones d’être entendues dans notre pays sont très importantes. Ces initiatives sont formidables, mais nous espérons qu'un jour nous ne serons plus séparés du lot. Nous souhaitons être inclus parmi les autres artistes canadien(ne)s sur un pied d'égalité. Ces plateformes sont nécessaires pour démontrer au public le niveau de talent et de professionnalisme dont les artistes autochtones font preuve, car il existe encore de nombreux stéréotypes. Nous espérons que ces plateformes contribuent à faire tomber ces murs. 

Le groupe Twin Flames en plein atelier artistique avec un groupe de jeunes. Photo gracieuseté de MASC.

Le groupe Twin Flames en plein atelier artistique avec un groupe de jeunes. Photo gracieuseté de MASC.

Jessica : En tant que membre de MASC, que gagnez-vous à proposer vos ateliers artistiques dans les écoles et dans la communauté?

Twin Flames : Nous aimons travailler avec les jeunes parce que nous croyons sincèrement qu'ils font partie du changement dont ce pays a encore désespérément besoin. En éduquant les jeunes et en partageant nos histoires et l'histoire des peuples autochtones à travers la musique, nous avons la possibilité de les atteindre dans leur milieu. Nous sommes très chanceux de pouvoir voir les impacts tangibles de ces actions. Nous avons reçu tant d'amour de la part des conseils scolaires, des enseignants et des élèves. En tant que musiciens de tournée à plein temps, il est difficile d'être toujours loin de chez soi. Travailler avec MASC nous permet également d'être à la maison avec nos enfants et de vivre une certaine normalité pendant l'année scolaire entre nos grandes tournées. Nous sommes très reconnaissants pour les relations que nous avons créées grâce à MASC. 

Jessica : Pourquoi pensez-vous qu'il est important pour la communauté locale d'avoir accès à des artistes professionnels?

Twin Flames : En grandissant, nous aurions tous les deux souhaité voir plus de musiciens jouer live. Nous ne savions pas que cela pouvait être un « vrai travail »; surtout Jaaji qui vient de l'Arctique! Les enfants nous voient dans leur école, puis nous entendent à la radio ou viennent nous voir lors des grands concerts comme au Bluesfest. De nombreux élèves, ainsi que leurs parents, assistent à autant de spectacles locaux que possible. Ils adorent ça et nous aussi! 

De plus, Chelsey a eu des difficultés d'apprentissage pendant son enfance et la musique a toujours été un havre de paix. Tous les enfants apprennent différemment et il est tellement important pour eux d'apprendre ce qui les rend heureux, passionnés et confiants.

Jessica : Peut-être aimeriez-vous partager l'amour et les projecteurs! Y a-t-il des musiciens en devenir dont vous aimeriez promouvoir le travail?

Twin Flames : Absolument! Gardez un œil sur Angel Baribeau, chanteur.e et éducateur.trice artistique cri bispirituel de Mistassini, au Québec. Iel a une voix incroyable et transporteuse et travaille à la sortie de son premier album. Cette personne ira loin! C'est formidable de voir nos jeunes autochtones poursuivre leurs rêves.

Pour en savoir plus sur Twin Flames et sur les autres artistes de MASC, lisez notre série MASC, visitez le site web de MASC et suivez-les sur Facebook, Twitter, et Instagram