Artiste en vedette : Stéphanie St-Jean Aubre
Par Elly Laberge
Chaque mois (ou presque), l'équipe du Pressoir tente de vous faire découvrir des créateurs d’ici en faisant la promotion d'une ou d’un artiste de la région qui mérite d'être mis en lumière. Pour les prochaines semaines, on vous propose de rencontrer Stéphanie St-Jean Aubre.
Vous la connaissez peut-être grâce à son entreprise d’illustration et de sérigraphie L'{} (L’ensemble vide), mais Stéphanie St-Jean Aubre est beaucoup plus que ça. L’artiste multidisciplinaire originaire de l’Outaouais a d’ailleurs plusieurs cordes à son arc en matière d’arts visuels, dont la performance et l’installation. Un simple survol de son site web permet de constater l’ampleur de son travail et les nombreux projets auxquels elle a participé à ce jour.
Dans son travail performatif et installatif, l’artiste s’intéresse grandement à la projection et à la représentation de soi dans l’espace public. En effet, inspirée de son parcours académique en interprétation théâtrale, musique et autres arts performatifs, St-Jean Aubre se plaît à intégrer le corps et l’expérience physique dans son travail. Cela prend parfois la forme de défis physiques et psychologiques incorporés à même l’œuvre qui l’amènent à effectuer des tâches répétitives ou physiquement exigeantes. Tel est le cas des projets Woman Warrior, Un-Sold, Poser, et Press Play dans lesquels le corps de l’artiste fait partie intégrante de l’œuvre performative et de l’expérience du spectateur. Pour cette artiste, les notions de défi et d’implication sont des éléments importants de sa pratique artistique alors que l’effort physique lui permet de réfléchir et de réconcilier une production abstraite et conceptuelle à une vision traditionnelle et normative du travail et de la production commerciale.
En dessin et sérigraphie, St-Jean Aubre se penche plutôt sur la représentation du récit vécu et la narration journalière, à la manière de tranches de vie illustrées. En tant qu’artiste féministe queer, elle illustre, synthétise et magnifie l’anecdote et l’anodin, souvent en isolant un objet signifiant et fétiche, pour ainsi produire des œuvres ludiques. Lorsqu’elle dessine, l’artiste pose souvent un regard sur son quotidien qui est inévitablement influencé par les expériences et les perceptions genrées que vit une personne de sexe féminin. Un peu comme les selfies, ses illustrations sont parfois simplement destinées à une diffusion immédiate, ce qui lui permet de les partager dans le moment présent. On peut d’ailleurs en admirer plusieurs sur son compte Instagram.
Au cours de son parcours, St-Jean Aubre a exposé en solo au Studio Sixty Six d’Ottawa, à l'Atelier de l'île de Val-David et à la Casa Impronta de Guadalajara, au Mexique. En 2015, elle a offert la performance Poser à la Carleton University Art Gallery lors de Coalesce, un festival de performance organisé par PDA Projects. La même année, elle a remporté le prix Artiste de la relève de l'année remis par Cultures Outaouais à l’occasion des Culturiades. Puis, en 2017, elle passe cinq mois au Mexique où elle a travaillé sur l’impression manuelle d’un livre d’illustrations tout en présentant l’installation ostie. de. fucking. village. À son retour au pays, elle a performé à la Fonderie Darling de Montréal et au centre d’exposition L'Imagier d’Aylmer, en plus de participer à une performance interdisciplinaire in situ de Noémie Lafrance et Peter Jacobs présentée dans le cadre de l'exposition d'envergure À perte de vue du centre d’artistes AXENÉO7.
Il va sans dire que, comme plusieurs créateurs indépendants, St-Jean Aubre est continuellement à la recherche d’occasions lui permettant de mettre sa pratique artistique en valeur et d’obtenir un gagne-pain. Pour l’année en cours, elle continue de développer Atelier Universel, le projet d’imprimerie de Manuel Mineau auquel elle s’est jointe en 2018, et espère mener à terme quelques publications d'ici 2021. D’ailleurs, côté impression, elle compte aussi faire paraître une nouvelle collection de chandails imprimés d'ici l'été 2020. Comme toute artiste désireuse de repousser les limites de sa pratique, elle aimerait participer à davantage de résidences ainsi que réaliser des images pour des publications artistiques et littéraires. Toujours à la recherche d’opportunités comme performeuse/interprète et comme illustratrice/imprimeure, elle se dit prête à prendre part à des collaborations qui débordent du champ de l'illustration et des médias imprimés, que ce soit en théâtre, en danse, en performance, en musique, ou autre discipline artistique. En ces temps de pandémie particulièrement difficiles, St-Jean Aubre avoue que toutes les interactions et chaque commentaire qu’elle reçoit sur les réseaux sociaux sont les bienvenus. Ces coups de pouce virtuels lui permettent « de se sentir moins isolée, plus utile, plus pertinente ». Comme elle l’explique, ce sont des formes de soutien qui ne coûtent rien, mais qui font assurément une grande différence. Allez donc en apprendre plus sur le travail de cette talentueuse artiste d’ici et lui donner un peu de love; elle vous en saura assurément reconnaissante et qui sait, ces échanges pourraient peut-être mener à de nouveaux projets?
Pour en savoir plus sur Stéphanie St-Jean Aubre et sa pratique artistique, regardez cette capsule vidéo réalisée par La Fabrique Culturelle.
Pour suivre Stéphanie St-Jean Aubre sur Instagram, c’est par ici.