Artiste en vedette : Brendan A. de Montigny
Par Elly Laberge
Chaque mois (ou presque), l'équipe du Pressoir tente de vous faire découvrir des créateurs d’ici en faisant la promotion d'une ou d’un artiste de la région qui mérite d'être mis en lumière. Cette fois-ci, on vous propose de rencontrer Brendan A. de Montigny.
Lorsqu’on gravite dans le milieu des arts, on porte souvent plusieurs chapeaux. C’est justement le cas de Brendan A. de Montigny qui est à la fois artiste multidisciplinaire, travailleur culturel et commissaire. Si vous vous êtes intéressés au milieu des arts visuels d’Ottawa-Gatineau au cours des dix dernières années, il y a de fortes chances que vous ayez entendu parler de Brendan à un moment donné. En effet, que ce soit en tant qu’artiste, comme professionnel des arts ou encore comme commissaire, Brendan détient un parcours éclectique ponctué de belles réussites.
De 2014 à 2018, il a dirigé PDA Projects, une galerie d’art d’Ottawa dont il est le cofondateur. En tant que commissaire pour PDA Projects, Brendan a eu le plaisir de monter plusieurs expositions et de mettre en valeur le travail d’artistes émergents des quatre coins du Canada tout en organisant des ateliers et des événements rassembleurs et inclusifs au sein de la communauté de la région de la capitale nationale. Il a aussi participé à l’édition de 2014 de Nuit Blanche Ottawa-Gatineau en plus de contribué à la réalisation du Coalesce Performance Art Festival qui a eu lieu en 2015.
Brendan est aussi le directeur marketing du projet artistique collectif EN MASSE en plus d’être responsable des communications et du marketing chez MasterpieceVR, une application de réalité virtuelle axée sur la création artistique.
En dehors de tout cela, il lui reste heureusement du temps pour créer. Car, lorsqu’il n’est pas occupé par ces multiples implications, Brendan laisse libre cours à son imagination en se consacrant à sa pratique artistique; une pratique qui incorpore le dessin, la peinture, la performance et l’installation de façon abstraite et figurative
D’un côté, le travail en arts visuels de Brendan explore la composition dimensionnelle en se traduisant par des œuvres empreintes de textures qui disposent de plusieurs couches matérielles et immatérielles. Tandis que de l’autre, il emploie ses talents en dessin pour concevoir des illustrations complexes dans lesquelles s’entremêlent des éléments du monde naturel et des composantes synthétiques et artificielles; deux univers opposés qui cohabitent pourtant parfaitement dans ses œuvres. En contemplant ses illustrations, il n’est pas rare d’y trouver des bouts de textes tout droit sortis de guides d’utilisateurs et de manuels d’apprentissages en mécanique automobile. Ces phrases instructives sont tantôt juxtaposées à des mains travaillantes, parfois robotiques, tantôt à des yeux concentrés semblant fixer un objectif bien précis.
Car, il faut savoir qu’au cœur de sa pratique, Brendan s’interroge quant aux systèmes codés de consommation de l’art, des systèmes fondés sur des codes de relations patriarcales et oppressives qui sont à leur tour fondés sur une prétendue utopie de la technologie et du pouvoir. Son expression artistique naît au cœur même de sa vie et de son appartenance à une famille de classe moyenne vivant en banlieue. En partant d’une vision autocritique de sa propre vie et de son statut privilégier, l’artiste cherche à contester le seuil qui existe entre cet environnement visuellement banal et la décomposition ou la chute qu’il pourrait entraîner pour notre collectivité.
Lorsqu’on se penche sur l’œuvre de l’artiste de plus près, on constate que Brendan s’inspire de l’esthétique de la science-fiction « pulps » des années 70 et de l’esthétique punk-hardcore ainsi que de l’architecture de style brutaliste. Comme il l’explique pour décrire sa démarche artistique, Brendan superpose ces références les unes sur les autres en y laissant des marques détaillées, ce qui rend son processus créatif visible à l’œil du public. Il s’applique à reproduire des motifs pour évoquer l’abrutissement et la paralysie qui résultent de la répétition constante et incessante des technologies de chaîne d’assemblage, rappelant ainsi la production et la consommation de masse omniprésentes dans nos sociétés. Cela donne parfois lieu à des œuvres qui dégagent un sentiment pessimiste de catastrophe imminente, de fin du monde technologique, alors que d’autres fois, on est plutôt habité par une sensation surnaturelle plus grande que nature en admirant son travail.
Brendan est titulaire d’une maîtrise en arts visuels de l’Université d’Ottawa et d’un baccalauréat en arts visuels de l’Université Concordia de Montréal avec une majeure en dessin et en peinture. Il a eu l’occasion d’exposer des dessins et de présenter des performances et des installations artistiques à Ottawa, Toronto et Montréal ainsi que dans l’état de New York. Son travail a notamment été présenté à la Galerie d’art de l’hôtel de ville d’Ottawa, au Musée des beaux-arts de l’Ontario et au Musée historique des moulins de Todmorden. En 2019, il a été finaliste au Prix RBC Emerging Artist du Conseil des arts d’Ottawa.
En novembre 2020, un nouveau corpus d’œuvres, dont Downpour, devait être présenté à la Galerie Karsh-Mason d’Ottawa dans une exposition de groupe intitulée Fractured Utopia avec les artistes Claire Scherzinger, Colin Canary et Tyler Armstrong, mais en raison de la pandémie du coronavirus qui détruit tout sur son passage, l’exposition sera plutôt présentée en 2021, si tout va bien. D’ici là, vous pouvez toujours plonger dans son univers artistique en parcourant son site web et en admirant le travail qu’il partage sur Instagram.
Pour en savoir plus sur Brendan A. de Montigny, visitez son site web. Pour le suivre sur Instagram, c’est par ici.