Le festival POP Montréal passe à l’âge adulte
Par Scott Simpson
Il y avait un certain degré de maturité et de retenue qui semblait imprégner cette 18ème édition du Festival international de musique POP Montréal. Lorsque je suis arrivé à Montréal en 2005, ce festival était un nouveau-né qui s’est vite imposé comme un des festivals clés de cette ville qui en compte déjà plusieurs centaines. J’ai connu ses années folles, ses growing pains, ses multiples expérimentations, mais ma dernière visite remonte maintenant à quelques années et j’avais hâte de voir qu’en était devenu cette célébration de la scène indépendante locale et internationale.
J’arrive à Montréal le mercredi 25 septembre avec un peu plus de retard que prévu et je me dirige directement vers le QG de cette édition : le Clubhouse POP situé dans le Cabaret du Théâtre Rialto. Du coup, POP Montréal investit l’ensemble du complexe du Théâtre Rialto cette année ; les grands concerts dans le Théâtre propre, une exposition d’arts visuels dans le Studio, des concerts intimes dans le Hall, et les soirées Late Night au sous-sol dans le Piccolo. POP maintient sa pratique d’investir plusieurs autres salles de la ville, heureusement majoritairement concentrées dans le Plateau et le Mile-End, restant ainsi fidèle à ses débuts.
Mais je dois avouer qu’avoir autant de spectacles dans le même complexe facilite grandement la vie et m’a aidé à préserver ma motivation et et mes muscles : cinq jours de concerts c’est ben l‘fun mais c’est aussi épuisant intellectuellement et physiquement. D’autant plus que POP c’est devenu plus que juste un festival de musique, mais une célébration du cinéma et des arts visuels avec ses volets Art POP, Film POP, Puces POP et le POP Symposium. Ça en fait beaucoup à visiter en cinq jours, et ne pas avoir à courir à travers la ville pour une bonne partie du festival fut grandement apprécié. Pis le Rialto, c’est vraiment une incroyable bâtisse et l’environnement parfait pour un événement comme POP Montréal.
Cette année, au lieu d'essayer de, s’cusez l’expression, fourrer le plus de spectacles dans mon horaire, j’ai me suis plutôt arrangé pour pouvoir profiter de la plupart des prestations du début à la fin. Somme toute, j’en ai peut-être fait moins, mais ce que j’ai vu j’ai vraiment saisi. De toute façon, toutes pratiques confondues, on y retrouve près de 300 artistes : impossible de tout voir. Donc je ramasse ma passe au Clubhouse, fait un tour au dernier étage pour voir l’exposition de groupe Tout ce qui arrive, arrive dans les verbes avant de partir à l’aventure.
Je commence par un intime concert gratuit au disquaire Phonopolis du groupe folk Fiver de l’artiste Simone Schmidt. Timbre de voix unique et apaisant, compositions solides, et d’une candeur rafraîchissante, un très bon début. J’en profite pour visiter la petite salle de cinéma indépendante le Cinéma Moderne pour voir le documentaire Who Let the Dogs Out dans le cadre de Film POP et qui parle de, vous l’avez deviné, la chanson Who Let the Dogs Out du groupe the Baha Men. Je ne vous volerai pas le punch, mais l’histoire est nettement plus complexe qu’on pourrait se l’imaginer.
Ensuite, direction Club Balattou, ancien bar de danseuses devenu club culturel africain dans les années 80. J’adore cette salle et c’était vraiment un coup de génie d’y tenir le spectacle de Safia Nolin, qui affiche complet rapidement. C’est tout petit, intime, et l’endroit parfait pour le concept de ce spectacle tout spécial. Safia arrive sur scène sans fanfare et se lance direct dans Belle de Notre-Dame-de-Paris accompagnée de son fidèle partenaire Joseph. On apprends que le spectacle est en fait un lancement d’album pour ses deux dernières parutions surprises : Reprises vol. 2 et de son premier EP en anglais xX3m0 $0ng$ 2 $!nG @L0nG 2Xx. Elle invite également trois artistes qui synthétisent bien les différentes facette de Safia : son côté un brin quétaine avec Gabriel Destroimaisons, avec qui elle reprend Et cetera pour une faire une version depressed à la Safia, son côté auteure avec Elisapie, qui l’accompagne merveilleusement pour Lesbian break-up song, et son côté plus pop avec Antony Carle, avec qui elle reprend Breathing d’Ariane Grande. En tout c’était un spectacle hors du commun qui n’a cessé de surprendre. J’ai quitté tout heureux mais contemplatif, sachant qu’on venait de vivre de quoi bien spécial.
Je finis au Piccolo Rialto, comme sera le cas pour les prochains 5 jours, pour la première soirée Late Night. J’aime bien le concept des Late Night : un trio d’artistes qui s’agencent bien ensembles présentés à tous les jours pour finir la soirée en beauté. Seul bémol étant que les derniers artistes prennent la scène à 1h30 du mat, donc faut quand même le vouloir et pouvoir se le justifier quand on travaille le lendemain disons. Moi, je n’avais pas ce problème mais je n’ai vraiment pas l’habitude de rester éveillé jusqu’à 4h du mat cinq jours d’affilée ; ça été quand même pénible tout le long. Mais oh que ça a valu la peine !
Le premier Late Night commençait avec DOOMSQUAD, un trio torontois qui savent mettre le party dans place et qui produisent de l’excellente musique à mi-chemin entre pop rétro et musique électronique moderne. Ils seront d’ailleurs à Ottawa le 9 novembre prochain à la Galerie SAW. Malheureusement, on a enchainé avec Mabika-KI, qui était mal préparé, oubliait ses paroles, et faisait des jokes qui tentaient d’être déplaisantes mais qui finissaient par être incompréhensibles. Je préfère oublier. Anyways, le monde n’était pas là pour lui mais pour le trio congolais KOKOKO! qui nous a vite fait oublier la performance précédente. Non mais quelle énergie, quelle force, quelle showmanship incroyable! Regarder leurs vidéos n’est vraiment qu’un avant-goût de leur pouvoir : entre les appels et réponses, l’intensité constante, et leur présence sur scène, impossible de rester statique.
Les prochains jours s’avèrent à suivre un rythme semblable : je fais quelques shows dans différentes salles, Hua Li à la Casa del Popolo pour son lancement d’album, Thierry Larose aux Jardins Gamelin pour sa première perfo à POP, et Feelings Meeting au Ursa entre autres, au je finis au Rialto pour les Late Night, incluant une expérience inoubliable avec le groupe brésilien Teto Preto et la dernière performance du festival par le groupe montréalais Anemone. Vous faire un portrait complet des spectacles que j’ai vu pendant ses 5 jours serait épuisant voir impossible, donc je vais vous présenter les meilleurs coups de cette édition, mais vous pouvez revivre les moments forts du festival dans nos Stories sur Instagram :
Jour 2 avec Hildegard (Ouri + Helena Deland), Job Bap, Tirzah et Tati au Miel
Jour 3 avec Meryem Saci, Antony Carle, Haviah Mighty et Yung Baby Tate
Jour 4 avec Aldous Harding, Lia Kloud, Hua Li, Kelman Duran et Teto Preto
Jour 5 avec Hanorah, Clerel, Mavis Staples, Feelings Meeting, Lonely Boa, Emel Mathlouthi et Anemone