La scène DJ locale : lumière sur Jas Nasty

Jas Nasty qui joue au Record Centre. Photo : Ming Wu

Par Elly Laberge

Si vous êtes sous l’impression qu’il n’y a pas de scène DJ à Ottawa-Gatineau, eh bien détrompez-vous; il en existe bel et bien une dans notre coin de pays, et j’ai l’intention de vous la faire découvrir au fil de cette série.

Arrêtons-nous sur Jas Nasty, une artiste originaire d’Ottawa qui deejay de façon professionnelle depuis 2004. À l’adolescence, Jas se tournait souvent vers le poste de radio communautaire CKCU FM, et c’est ainsi qu’elle a compris à quel point le monde de la musique est vaste, et que son désir d’en faire jouer, tous genres confondus, est né. D’ailleurs, à ses débuts, elle a puisé son inspiration de Trevor Walker, un vétéran de la scène DJ de la région reconnu pour son style éclectique. À l’époque, c’était pas mal la norme pour les DJs de se concentrer sur un seul style musical comme le hip-hop, ou encore de jouer uniquement dans des raves; c’est donc un peu grâce à Trevor Walker qu’elle a gagné confiance en elle et qu’elle a réalisé que c’était possible d’être DJ sans se limiter à une sorte de musique en particulier.

Tout comme DJ Zattar, Jas Nasty est fervente de vinyles, et elle les collectionne depuis presque 20 ans. Elle estime que sa collection compte environ deux mille disques; des disques de tous les genres allant du synth pop des années 80 et du post-punk au soul des années 60 et 70 et à l’electronica comme la musique ambiante et downtempo, le trip hop, le jungle et le drum & bass. Lorsqu’il s’agit de l’équipement qu’elle préfère utiliser, elle affirme que c’est nul autre que ses tables tournantes Technics 1200s et son bon vieux mixeur Numark. Cela dit, elle me confie qu’elle essaie d’apprendre à exercer son métier avec la technologie numérique, mais qu’elle n’obtient pas le même résultat; quoiqu’elle y travaille.  

Jasmine, de son vrai nom, est catégorique lorsqu’il s’agit de musique et de genre : d’après elle, il faut arrêter de caractériser les DJs selon leur sexe et laisser la musique parler d’elle même. Elle me dit être franchement tannée d’entendre les gens parler de « femmes DJ » alors qu’en réalité, ce qui compte vraiment, c’est le talent. C’est aussi une question d’inclusion pour les femmes transgenres. Jas Nasty trouve ça frustrant de se faire embaucher par les promoteurs et les lieux de diffusion sous prétexte qu’elle est une femme. On lui demande même parfois si son équipement et ses disques lui appartiennent, ou si c’est un emprunt. C’est assez insultant de se faire remettre en question de cette façon, vous ne trouvez pas? Cela dit, à force de se répéter et de marteler le message, elle espère que les choses vont changer.

Pour cette passionnée de musique, c’est enivrant de pouvoir pratiquer cette forme d’art pour la simple et bonne raison que ça lui permet de partager ses goûts et découvertes musicales avec les autres. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle fait du bénévolat à la radio communautaire en coanimant l’émission Heavy Friends diffusée chaque samedi sur les ondes de CKCU FM, et qu’elle accepte de jouer un peu partout, pour une panoplie d’événements. On peut notamment l’entendre jouer au restaurant Oz Kafe du Marché By les samedis soirs et à House of Targ certains dimanches lors des soirées Free PLay Sundays. Elle a aussi déjà joué au Minotaure avec DJ GloryHull lors des Soirées Hullywoodiennes, et au Petit Chicago, avant l’époque du Fau Mardi. Elle affectionne beaucoup le Vieux-Hull, car c’est au sein de cette petite communauté tissée serrée qu’elle s’est liée d’amitié avec plusieurs personnes.

Jas Nasty compte aussi sur le retour de Double Barrel, une soirée dansante qu’elle adore, fondée en 2009 par DJ Magnificent. Durant ces soirées, on y joue que du soul, funk, Motown et reggae des années 60 et 70 en format vinyle. C’est du pur bonheur.

Selon elle, il n’y a rien de mieux que de partager son amour pour la musique avec ceux qui savent l’apprécier, et de vibrer avec les gens grâce à cette joie de vivre commune. Donc si vous la croisez au cours d’une soirée et que vous aimez ce que vous entendez, dites-le-lui, ça lui fera réellement plaisir.

Jas Nasty sera au Pressed Cafe avec DJ GloryHull le vendredi 7 septembre et au restaurant Oz Kafe le samedi 15 septembre.