La scène DJ locale : à la rencontre de DJ Zattar

DJ Zattar entouré de sa collection de vinyles àson studio d'Ottawa. Photo : E. Laberge

Par Elly Laberge

Si vous avez l’impression qu’il n’y a pas de scène DJ à Ottawa-Gatineau, et bien détrompez-vous au plus vite ; il en existe bel et bien une dans notre coin de pays et j’ai l’intention de vous la faire découvrir au fil de cette série.

Pour commencer en beauté, penchons-nous sur Alexandre Mattar, mieux connu sous le nom de Zattar. Originaire du Liban et de l’Ontario francophone, Zattar roule sa bosse comme DJ dans la région de la capitale nationale depuis 18 ans.

Vous l’avez d’ailleurs peut-être déjà vu au Babylon aux côtés du groupe The Souljazz Orchestra, comme c’est le DJ résident de ce groupe local dynamique. Il m’a justement confié qu’il s’agit d’une de ses soirées préférées à animer parce que les gens qui assistent aux spectacles de Souljazz sont musicalement ouverts d’esprit et dansent sur à peu près tout ce qu’il joue, ce qui n’est pas toujours donné.

Amoureux de la musique depuis un très jeune âge (il a acheté sa première cassette de Jimi Hendrix à 14 ans), Zattar est particulièrement mordu de funk, de soul, et de musique du monde aux sons afro-latin caribéen. C’est justement le type de musique qu’il met de l’avant lors des soirées Tropikalo qu’il anime avec DJ Lifeboogie (Trevor Walker), un vétéran de la scène DJ d’Ottawa. Précisons qu’il s’agit d’une soirée 100% vinyle.

Collectionneur de disques comme plusieurs passionnés de musique de sa génération, Zattar possède plus de 3 000 vinyles. Sa collection est généralement organisée par maison de disques et par genres. On y trouve notamment une belle sélection de Timmion Records, beaucoup de Fela Kuti et de James Brown, du soul américain, du rap, du reggae jamaïcain, de l'afro caribéen de la Martinique, du jazz (son père en écoutait beaucoup ; c’est donc une de ses premières influences), du disco, du funk, et du boogie des années 70 et 80.

Un des trésors de la collection de DJ Zattar. Photo : E. Laberge

Mais revenons-en à son parcours : en 2005, en compagnie de ses colocs Ian et Alanna (qui forment aujourd’hui le groupe Bonjay), Zattar a fondé TIMEKODE, une soirée mensuelle inclusive qui, avec le temps, est devenue la soirée dansante existant depuis le plus longtemps à Ottawa. Grâce à TIMEKODE, Zattar et ses invités font danser les gens depuis 13 ans pour être exact. Jusqu’en 2017, Zattar animait aussi TKFM, une émission de radio hebdo diffusée sur les ondes de CHUO 89.1 FM, ce qui lui a permis de partager ses goûts musicaux et ses dernières découvertes avec les auditeurs. À l’occasion d’un programme créé par le Bluesfest School of Music and Art, il a également enseigné l’art du "deejaying" à des groupes de jeunes de notre collectivité.

Grâce à sa flexibilité et au fait qu’il soit tout équipé, Zattar réussi à vivre de son art, en alternant entre les soirées dansantes, certains événements corpos et les mariages qu’il accepte d’animer de temps à temps.

Depuis quelques années, il remarque que plusieurs DJs font un retour purement aux vinyles, sans l’utilisation de logiciels comme Serato et Traktor; une constatation qui lui plaît. Quand je lui demande ce qu’il écoute en ce moment, il en profite pour me le faire entendre : un beau mélange de Star Creature Universal Vibrations, une étiquette de Chicago qui fait dans le boogie moderne, et du collectif instrumental El Michels Affair, de Brooklyn. Zattar a un penchant pour la musique analogue produite avec de vrais instruments, ce qui fait en sorte qu’il est continuellement à la recherche de sons authentiques. Ça s’entend durant ses soirées, que je vous invite fortement à essayer.