Se balader avec des balados de la région

Par Christina Vietinghoff

De plus en plus, nous nourrissons un appétit collectif pour la nourriture et l’achat local. Par contre, le mouvement locavore n’a pas encore pris de l'ampleur par rapport à ce que nous consommons par les voies auditives. Vous connaissez peut-être les experts de baladodiffusion de la région, Transistor Média, créateurs du Festival de la radio numérique et de L'histoire secrète de l'Outaouais. Nous sommes également choyés de pouvoir profiter d'une panoplie de nouveaux projets qui ont émergé dans les dernières années et qui valent la peine d'être explorés. Certains abordent des sujets liés à la région alors que d'autres touchent à des thèmes plus globaux. Bref, choisir de prêter ses oreilles à du contenu créé dans la région plutôt qu’à un podcasteur sur YouTube en vaut grandement la chandelle. Voici quelques suggestions :

The Unashamed Alcoholic
Animation : Becca Atkinson
Langue : anglais

Becca Atkinson, l’animatrice du balado Unashamed Alcoholic. Gracieuseté de Becca Atkinson.

Ce podcast cible les gens qui veulent arrêter de consommer de l'alcool, mais le grand public trouvera quand même révélateur ces épisodes qui abordent des défis intimes et des histoires inspirantes. The Unashamed Alcoholic porte sur l’alcoolisme et regorge de témoignages intimes et inspirants. Le balado sert d’outil instructif pour ceux qui s’inquiètent de cette dépendance, mais il peut aussi s’avérer révélateur en ce qui a trait aux différents thèmes explorés en lien avec la  santé mentale, la culture du travail et l'entraide. Il est fortement recommandé de commencer l’écoute par l’entretien avec Benoit-Antoine Bacon, le président de l'Université Carleton. C’est une conversation qui résume bien la magie du balado simple dans sa forme, mais plutôt difficile et complexe dans son contenu.

L’animatrice de ce balado, Becca Atkinson, est devenue très prolifique en production : ça lui prendrait seulement quatres heures de production par épisode. « Je ne suis plus nerveuse avant les entrevues », explique-t-elle « [Les invités] ne sont pas si différents de moi; ils ont plus d'argent et sont connus mais nous avons quelque chose en commun ».

Atkinson  affirme que l’un des défis rencontrés dans la création d’un balado, c’est le refus potentiel des invités, ce qui ne lui arrive pas très souvent : « J’essaie quand même [de les inviter], pourquoi pas? » raconte-t-elle. Grâce à cette approche, elle a réussi à accueillir des athlètes professionnels, des stars de télévision et des personnalités locales, comme le sénateur Patrick Brazeau.

Northside Polo Podcast
Animation : Gavin Simmons-Feigel, Liam Paddock et Alexander Lyon
Langue : anglais

Identité visuelle du balado Northside Polo Podcast

Les résidents du Vieux-Hull sont peut-être déjà familiers avec le sport unique du vélo polo, étant donné que le club de la région joue souvent au Parc Fontaine du quartier. Non seulement Ottawa-Gatineau possède l’une des communautés de vélo polo les plus dynamiques au Canada, mais la région est aussi le siège du Northside Bike Polo Podcast réalisé par Gavin Simmons-Feigel, Liam Paddock et Alexander Lyon. Selon Simmons-Feigel, les gens qui écoutent leurs épisodes viennent de partout, incluant du Japon, de l'Écosse et de l'Amérique du Sud. « Dans le milieu des balados, notre podcast est très niché, le vélo polo compte probablement seulement entre 5000 et 10000 joueurs sur la planète. ». 

Northside Bike Polo Podcast est un balado né pendant la pandémie, ce qui a permis d'unifier cette petite communauté alors que la pratique de ce sport n'était plus possible. Comme Simmons-Feigel l’explique « Le vélo polo emprunte les valeurs du concept DIY, une esthétique et sous-culture punk et socialiste». Cette esthétique, qui est évidente à l’écoute du balado ou même en regardant une vidéo d’un tournoi récent à Ottawa, peut même être appréciée des gens qui n’ont pas envie de sauter sur leur vélo avec un maillet en main.  

Logo du balado Gaytineau animé par Stéphanie Meunier

Gaytineau
Animation : Stéphanie Meunier
Langue : bilingue

Après une longue pause ayant commencé en mars 2020, le petit balado bilingue de Stéphanie Meunier nous a enfin gâté d’un nouvel épisode le 9 janvier 2022. Ce balado intemporel tisse des liens entre la communauté queer des deux côtés de la rivière grâce à des conversations qui incite à la réflexion. Ces épisodes abordent le sujet de façon intersectionnelle et proposent de penser à une société gatinoise plus juste et inclusive. 

« J'espère produire quelques épisodes cette année, mais j’ai aucun horaire, donc suivre mes réseaux sociaux est une bonne idée si les gens veulent rester au courant! » Restez au courant de nouveaux épisodes via Instagram.  

F-O qu’on s’parle
Animation : Camille Sigouin et Danielle Roy
Langue : français 

Identité visuelle du balado F-O qu’on s’parle

On vous recommande vivement de commencer l’écoute de ce balado par l'épisode 7,« 2020 dans les yeux d'une jeune autochtone » afin d'avoir un bon aperçu  du charme et de l'enthousiasme des animatrices Camille Sigouin et Danielle Roy. Lors de cet épisode, elles s’entretiennent avec Makhena Rankin-Guérin, une jeune artiste de la nation algonquine et crie de Pikogan. 

Cette première saison financée par « Ottawa-Bilingue » aborde une variété d’enjeux contemporains avec des invité.e.s d’origine franco-ontarienne. Vous verrez que les dix épisodes de la première saison nous laissent sur notre faim et nous permettent d’espérer qu’une deuxième saison verra le jour bientôt.

Beyond Black
Animation : Emma Labrosse Mitchell 
Langue : anglais 

Identité visuelle du balado Beyond Black d’Emma Labrosse Mitchell 

Emma Labrosse Mitchell a lancé son balado Beyond Black il y a à peine quelques mois, mais elle a déjà réussi à produire et diffuser une série de 10 épisodes tout en vivant avec les conséquences d’une commotion cérébrale. Beyond Black est axé sur le concept de active allyship au sein du mouvement anti-raciste. Les conversations avec ces invités touchent  à plusieurs sujets, dont la réalité du racisme à Ottawa. « Une des raisons pour laquelle j'ai décidé de partager des histoires si personnelles, c'est que ça pousse les gens à réaliser que c'est une personne réelle qui vit le racisme. Le racisme n'est pas simplement un concept abstrait. »

Selon Labrosse Mitchell, les balados sont une forme d’expression artistique : « Je pense que c'est une forme d’art. Surtout si tu veux créer une ambiance ou faire ressentir et comprendre une émotion en particulier. »

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En ces temps incertains, les balados constituent une excellente façon de se connecter à d'autres personnes de manière auditive. Les séries suggérées dans ce billet proposent des histoires authentiques et n'aspirent pas à nous vendre des concepts ou des produits publicitaires. 

En espérant que ces séries puissent vous donner le goût d'explorer davantage les productions de la région, il va sans dire que vous aurez l'embarras du choix : il existe des centaines d'heures de balados produits localement qui n'attendent qu'à être explorés ou plutôt, écoutés!