Artiste en vedette : Yomi Orimoloye

Dull boy, une oeuvre en acrylique sur toile réalisée en 2019 par Yomi Orimoloye. Photo gracieuseté de l’artiste.

Dull boy, une oeuvre en acrylique sur toile réalisée en 2019 par Yomi Orimoloye. Photo gracieuseté de l’artiste.

Par Elly Laberge

Chaque mois (ou presque), l'équipe du Pressoir tente de vous faire découvrir des créateurs d’ici en faisant la promotion d'une ou d’un artiste de la région qui mérite d'être mis en lumière. Cette fois-ci, on vous propose de rencontrer Yomi Orimoloye.

Faut-il absolument faire des études en arts pour devenir artiste? Pas du tout. La preuve en est : les Jean-Michel Basquiat, Frida Kahlo et Norval Morrisseau de ce monde n’ont reçu aucune formation artistique et connaissent tout de même un grand succès. Parfois, il suffit d’être créateur dans l’âme et d’avoir assez de motivation, de volonté, de temps et une bonne dose de patience pour faire ce métier.

Photo de Yomi Orimoloye prise par Ahmed. Gracieuseté de l’artiste.

Photo de Yomi Orimoloye prise par Ahmed. Gracieuseté de l’artiste.

Yomi Orimoloye, un artiste autodidacte nigérien installé à Ottawa, n’en est encore qu’à ses débuts, mais il espère bien que son amour pour l’art continue à lui ouvrir des portes pour peut-être éventuellement mener à une carrière. Enfant, Yomi s’amusait à colorier des dessins dans des livres de coloriage, mais ce n’est qu’à l’école secondaire qu’il s’est mis à prendre l’art au sérieux. Puis, pour le plaisir, il a commencé à dessiner des croquis dans ses cahiers alors qu’il étudiait en génie électrique à l’Université d’Ottawa. Peu de temps après, l’ingénieur s’est acheté un iPad afin de pouvoir travailler de façon numérique. Ces balbutiements lui auront permis de cultiver une vraie passion pour la création, lui qui était obsédé par le fait de pouvoir réaliser une image à partir d’une idée ou d’une réflexion à une époque où il accordait justement beaucoup de temps à la pensée profonde. Aujourd’hui, Yomi travaille à la fois avec des outils numériques et des matières premières dans un effort continu visant à donner vie à ces idées. Soucieux du développement de sa pratique artistique, il s’exerce avec différents médiums et matériaux afin de s’améliorer et de peaufiner son style. Voilà pourquoi il emploie tantôt la peinture à l’huile, tantôt l’acrylique, et que parfois, il préfère s’exprimer au moyen d’outils numériques.

Au fil du temps, Yomi est devenu fasciné par l’abstraction et par la liberté d’expression que les arts visuels lui permettent d’explorer. Il intègre l’abstrait à son travail figuratif, liant ainsi les deux styles dans une pratique artistique qui révèle certaines complexités de la nature humaine. Pour cet artiste, le corps a une forme, mais l’âme et l’esprit ne sont pas confinés à une forme précise. Ces deux éléments peuvent donc se métamorphoser et prendre toutes sortes de structures expressives. Selon lui, quelle que soit la forme que prennent l’esprit ou l’âme dans l’art, cela influence notre perception de la réalité humaine et nous permet d’observer une nouvelle esthétique qu’on ne saisit habituellement pas à première vue. Yomi puise son inspiration de son parcours académique, de ses expériences personnelles, de la poésie, de la musique et d’autres artistes en arts visuels comme Kerry James Marshall, Toyin Odutola, George Condo, et Bosch pour n’en nommer que quelques-uns. Ses œuvres sont avant tout figuratives tout en incorporant une certaine sensualité artistique qui vise à dépeindre les côtés plus compliqués de la vie et les joies de vivre qui surviennent lorsqu’on grandit et évolue dans un Ancien Monde qui semble se renouveler. Faisant référence à l’amitié, à la religion, à la perte, à la sexualité et aux vices, les œuvres de Yomi cherchent à établir un lien entre elles-mêmes, entre ceux et celles qui les observent et entre le monde qui les entoure.

Dans certaines de ses œuvres, comme The Painkiller et Losing, on détecte manifestement des éléments du cubisme sous l’influence du célèbre Pablo Picasso. En effet, l’utilisation de formes géométriques et la composition plus ou moins abstraite présentent dans ces œuvres reflètent un désir de montrer la profondeur des sujets illustrés. Les personnages qui figurent au cœur du travail de Yomi paraissent souvent mornes, pris dans un certain ennui affligeant qui semble s’éterniser dans un espace-temps suspendu à tout jamais.  

Photo de l’exposition Masquerade: Multifaceted people all around me, I wonder how many faces I wear présentée à l’occasion de l’installation The Gallery Art Exhibition organisée par Severe Nature en 2019. Gracieuseté de l’artiste.

Photo de l’exposition Masquerade: Multifaceted people all around me, I wonder how many faces I wear présentée à l’occasion de l’installation The Gallery Art Exhibition organisée par Severe Nature en 2019. Gracieuseté de l’artiste.

Les œuvres The Painkiller et Losing ont d’ailleurs été présentées à la galerie SAW d’Ottawa dans une exposition intitulée Masquerade: Multifaceted people all around me, I wonder how many faces I wear à l’occasion de l’installation The Gallery Art Exhibition organisée par Severe Nature. Bien qu’il n’ait eu la chance de présenter son travail artistique dans une seule exposition jusqu’à présent, Yomi souhaite de toute évidence montrer ses œuvres dans des galeries et musées d’Ottawa et du reste du Canada en espérant aussi avoir l’occasion d’exposer dans une foire artistique comme ART x Lagos, un évènement international organisé annuellement dans la métropole nigérienne.

Depuis quelques années, un vent de changement souffle sur la diaspora africaine, donnant espoir à Yomi. Il constate qu’une nouvelle personnalité y émerge, suivant un mouvement qui valorise et encourage la jeunesse africaine à s’exprimer et à se réinventer. Si Yomi réussi à se tailler une place dans le milieu artistique grâce à son talent indéniable, cela lui donnera les ailes dont il besoin pour sortir de l’ombre et il pourra ainsi briller de mille feux et contribuer à cette nouvelle personnalité africaine.   

Pour en savoir plus sur Yomi, visitez son site web. Pour suivre Yomi sur Instagram, c’est par ici.

Le Pressoir