Journal du Sled Island Music Festival 2024

par Scott Simpson

De loin, je suis l’évolution du Sled Island Music Festival depuis son lancement en 2007. Chaque édition est unique, en partie grâce à leur stratégie de commissaire invité, en partie à cause de la scène musicale locale éclectique. J’aime habituellement les festivals se tenant dans divers lieux, tels que Iceland Airwaves et POP Montréal ; je trouve que c’est une belle façon de découvrir une des facettes d’une nouvelle ville. Donc, je suis un peu vendu d’avance, malgré mes préjugés face à l’Alberta, dont j’espère de me défaire lors de ce séjour.

J’arrive à Calgary à 08:00 HNR avec seulement 2 heures de sommeil. Heureusement mon excitation me tient éveillé. Je ne peux pas accéder à ma chambre jusqu’à l’après-midi, donc je décide d’en prendre avantage et de me lancer dans mon exploration de la ville.

Ça commence avec un essai du système de transport en commun de Calgary, prenant la ligne express partant de l’aéroport et se rendant au centre-ville. C’est quand même efficace, et à 3,70 $ le billet, c’est drôlement moins cher que prendre le taxi. Ça me permet également d'observer une tranche du quotidien des résidents et d’absorber les paysages. Voir les montagnes enneigées au loin me rappelle que, oui, je suis bel et bien de l’ouest canadien et que c’est beau en mautadit. L’autobus me dépose juste à côté de mon hôtel, donc j’en profite pour m'y arrêter et déposer mes sacs.

Je m’installe dans un café à proximité, situé, comme plusieurs commerces du centre-ville, au rez-de-chaussée d’une tour à bureau. C’est pas super chaleureux mais ça fait la job et il y a une prise à la table pour charger mon cellulaire, donc je ne m’en plain pas trop. Je me fabrique un itinéraire préliminaire pour la journée avant de me rendre à ma première activité de mon séjour : un arrêt au spa urbain SKA. Suite aux dernières semaines assez chargées et le voyage du matin, mon corps était déjà raqué avant même que le festival ne débute. Donc, en prévision du marathon musical à venir, j’en profite pour me détendre le temps de quelques heures. Malheureusement, les autres visiteurs du spa ont décidé de s’y rendre pour socialiser et considérant la taille minuscule de l’espace, ce n’était pas particulièrement reposant. Je quitte donc de façon précipitée et décide de me rendre au quartier général du festival pour récupérer ma passe.

Le bracelet du festival au poignet et le programme sous le bras, je pars à la découverte du centre-ville. J’arrête à la foire alimentaire au dernier étage du centre commercial The Core, pas en raison de l’offre alimentaire mais plutôt puisqu'elle est située aux côtés des Devonian Gardens, des jardins botaniques contenant plus de 500 arbres et 50 variétés de plantes. Un cadre exceptionnel pour faire du people watching et manger un repas adéquat. Je file ensuite au I Love You Coffee Shop pour visiter le Sled Island Poster Show, une exposition d’affiches sérigraphiées spécialement pour cette édition du festival. Je reviendrai à Gatineau avec celle du concert de Sarah Davachi.

Non loin du café je répertorie le salon Beltline Barbers et vingt minutes plus tard, je ressors énergisé grâce à mon excellente nouvelle coupe de cheveux. J’en visite également la friperie Kept Clothing Collective, qui contient une quantité impressionnante de chapeaux de cowboy. Je ne peux m’empêcher de m’en acheter un à très bon prix, avec une cravate bolo pour compléter le look. Je m’arrête aussi à une librairie du coin pour bénéficier des rabais offerts aux participants du festival, une initiative bien appréciée qui me permet de découvrir l’écosystème entrepreneurial de la ville. 

Il est l’heure d’enfin pouvoir enfin faire mon check-in à l’hôtel. Je récupère ma clé, défais mes valises, prend ma douche, et hop c’est reparti pour débuter officiellement mon festival.

Mercredi 19 juin 

Les concerts ont lieu dans divers lieux répartis dans le centre-ville de Calgary, me permettant de découvrir plusieurs quartiers et faire des milliers de pas par jour. Mes trois prochaines soirées débuteront à la Calgary United Church, une magnifique église avec un imposant orgue comme arrière-plan. Ce soir, l’église sera l’hôte de Thanya Iyer, de Slauson Malone 1 et de Jeff Parker. Thanya Iyer, accompagnée de l’harpiste Emilie Kahn, le bassiste Pompey, et le percussionniste Dan Gélinas. Le quatuor joue plusieurs chansons tirées de l’album Kind, une des mes albums préférés de 2020, ainsi que du plus récent EP Rest et d’un nouvel album qui sortira en avril prochain. C’est une performance intime, exubérante, et planante, qui met en valeur les talents de chaque membre du groupe.

Après une courte pause, c’est Slauson Malone 1 qui poursuit la soirée, le projet de Jasper Marsalis, qu’on connaît du collectif expérimental Standing on the Corner, accompagné du violoncelliste Nicky Wetherell. On assiste ici à de l’art performance plus qu’à un concert : Marsalis est un artiste versatile, engagé et engageant. Après plus de vingt minutes ininterrompues, il adresse finalement la foule brièvement avant de disparaître de la scène. Il nous partage qu’il vient d’apprendre qu’une des personnes les plus importantes de sa vie a reçu un diagnostic de cancer du pancréas, et qu’il dédie cette performance à elle. Une photo de leurs mains entrelacées est projetée sur un écran pendant qu’il joue une des rares chansons plus douces de son spectacle. Il nous rappelle qu’il est important de penser aux personnes qui ne sont plus avec nous avec joie. Un moment touchant. Je me sens privilégié.

Slauson Malone 1 à la Calgary United Church. Photo par Brandon Miller.

En attendant la prochaine performance, je remarque enfin le clavier de l’orgue. Pour un instant je crois qu’il avait été dévoilé pour le prochain artiste et je demande à la personne à mes côtés si le clavier était là tout le long. Il l’était. Cette question sera la genèse d’une nouvelle amitié, et la façon dont j’ai rencontré Alex, une mélomane de Saskatoon qui finira par m’accompagner le restant du festival. Deux jours plus tard, nous aurons enfin l’occasion d’entendre quelqu’un jouer l’orgue…

Le dernier spectacle au Central United Church est par le compositeur et guitariste Jeff Parker, une légende dans la scène expérimentale. Avec un doigté impeccable et une simplicité décevante, il nous offre une performance hypnotisante et impressionnante. J’en ressors complètement épaté.

Ma prochaine destination est le resto-bar Modern Love, mais l’église étant située à proximité de la succursale No.1 de la Légion royale canadienne de Calgary, une des salles principales du festival, je décide d’y faire un tour rapidement pour voir quelques chansons du musicien Aladean Kheroufi. Le crooner algérien est plus charismatique qu’il est compétent musicalement, donc je décide de quitter avant que son charisme n’arrête de faire effet. Je rejoins donc Alex dans un Modern Love un peu vide pour le spectacle de Naomie de Lorimier, alias N NAO. C’est dommage qu’il y ait si peu de gens car sa performance est excellente. Avec son mélange unique de dream-pop et d’électro, c’est une des artistes québécoises qui m’interpelle le plus en ce moment. Son nouvel EP Miroir, une série de compositions improvisées avec Charles Marsolais-Ricard, Samuel Gougoux et Simone Provencher, est en forte rotation dans ma maison. C’est beaucoup plus expérimental et peut-être un peu moins accessible, donc j’étais agréablement surpris d’entendre la chanson titre en live.

La fatigue commence à me rattraper, mais j’ai juste assez d’énergie pour faire un dernier arrêt au club Commonwealth pour assister à la performance du trio hip-hop montréalais Planet Giza. Je suis content d’avoir fait le détour car ils ont une excellente présence sur scène et, malgré mon épuisement, ils réussissent tout de même à me faire beaucoup danser. Je quitte avant la fin de la performance pour un sommeil bien mérité.

Jeudi 20 juin

Même si mes journées sont remplies, je ne peux pas visiter une ville sans visiter ses galeries. Je me rend à Contemporary Calgary, une galerie d’art contemporain logée dans l’ancien planétarium. Situé aux abords de la rivière Bow, l'édifice en soi est impressionnant, avec son architecture brutaliste mélangé à ses courbes modernes. En plus, c’est gratuit pour les moins de 25 ans et seulement 12 $ l’admission autrement (si vous habitez Calgary, l’abonnement annuel à 24 $ vaut le coup). Présentement à l’affiche il y a l’exposition Curious Nature de Winnie Truong, dont j’ai eu le plaisir de découvrir son travail lors de son passage à la Galerie SAW d’Ottawa en 2019, et the trees weep, the mountain still, the bodies rust de Derek Liddington. À l’heure de mon arrivée je suis le seul visiteur, me permettant de me perdre dans l’immensité des deux expositions. Si seulement la bénévole qui surveillait les lieux ne me guettait pas comme si j’étais un criminel, ça aurait été une expérience parfaite. 

L’exposition Curious Nature de Winnie Truong à l’affiche de Contemporary Calgary

Mon itinéraire de la journée débute à Sloth Records, un petit disquaire situé à la frontière entre les quartiers Beltline et Lower Mount Royal. C’est là où, les deux premiers jours du festival, on offrait des concerts gratuits afin d’offrir la chance aux gens de découvrir quelques artistes de la programmation (et les convaincre de venir voir leurs prestations officielles plus tard dans la journée ou la semaine). Je m’y rend pour voir l’harpiste Emilie Kahn, qui était sur scène le soir précédent dans le band de Thanya Iyer, au cas où je n’aurais pas la chance de la voir lors de son spectacle officiel du lendemain soir. Elle est accompagnée par ses compatriotes du soir d’avant Pompey et Thanya Iyer, à la clarinette et au clavier respectivement. Ce n’est pas vrai, la clarinette de Pompey ayant été oubliée dans le vestibule de son hôtel, il commence en fait sa performance à la guitare, jusqu’au moment où son instrument à vent lui est livré mi-spectacle. Même si nous sommes entassés à fond et qu’il y a quelques défis techniques, la performance est excellente et le public est aisément conquis.

Thanya Iyer, Pomey et Emilie Kahn au disquaire Sloth Records

On consulte rapidement l’application Transit, sur laquelle je peux même acheter mes billets pour le transport en commun (serait le fun pouvoir faire ça sur les réseaux de la STO et de la OC Transpo…), et on repère l’autobus qui nous emmènera au Calgary United Church pour notre prochain spectacle. Moins de quinze minutes plus tard, on enfile un banc d’église pour la performance de NPNP Trio. Le groupe expérimental de Montréal—qui comprend Jackson Darby au synthétiseur, Evelyn Charlotte Joe à la batterie, et James Goddard au saxophone—nous offre une solide prestation qui met bien la table pour les spectacles à venir. Le trio est suivi de l’éclectique et charmant Malcolm Mooney, accompagné de huit musiciens. Le chanteur et artiste américain, maintenant basé à Calgary, attire une des plus grandes foules au Calgary United Church du festival, et une des plus appréciatives, pour un spectacle qui dépasse aisément son temps alloué au grand plaisir des gens dans la salle.

Irreversible Entanglements au Centre United Church. Photo par Michael Grondin.

La soirée à l’église se termine avec le projet Irreversible Entanglements, une des prestations que j'anticipe le plus. Le quintet free jazz, mené par l’artiste et poète Camae Ayewa, n’est pas aussi abrasif que son projet Moor Mother, mais pas le moins confrontant. Récitant des textes composés et improvisés, accompagnés d’une cacophonie enveloppante, nous vivons une expérience riche et percutante.

Je complète ma deuxième journée encore une fois au Commonwealth. J’arrive pour les dernières minutes de Fraud Perry à l’étage principal, et me dirige vers le sous-sol pour le projet électro expérimental Kilamanzego de l’artiste Kay Oko. On sentait un peu d’inconfort ou de gène lors des premières chansons, mais quelques chansons j’ai pu mieux capter ce qu’Oko nous propose, une attitude punk sensible aux sonorités brutes.

Myst Milano au Commonwealth. Photo par Jesse Gillett.

Je retourne en haut pour mon dernier spectacle de la soirée : la rappeuse et artiste électronique Myst Milano, originaire d’Edmonton mais maintenant basée à Toronto. C’est un homecoming en sortes et la fierté albertaine est palpable dans la salle. Avec deux danseuses à ses côtés, une scénographie efficace, et une foule prête à faire la fête, tous les ingrédients étaient présents pour un excellent spectacle. Son dernier album Beyond the Uncanny Valley, en considération pour le Prix de musique Polaris 2024, est un de mes albums préférés de l’an dernier et je peux confirmer qu’il sonne aussi bien en live.

Je considère faire un tour au Dickens pour attraper la performance de LustSickPuppy, mais en constant la longueur de la file pour entrer dans la salle, je prends ça comme un signe d’aller me coucher.

Vendredi 21 juin

C’est la Journée nationale des peuples autochtones et je recherche s’il y a des activités pour la souligner à Calgary. Il y a plusieurs options, et je décide de profiter de la programmation au Centre national de la musique, situé dans le nouveau Studio Bell. C’est un édifice imposant qui comprend plusieurs étages d’expositions dédiées à l'industrie de la musique au Canada, ainsi qu’un centre de production à la fine pointe de la technologie. On y présentait un concert dans le cadre du projet OHSOTO’KINO, une série d’initiatives mettant en valeur des artistes autochtones, dans le magnifique théâtre surplombant l’atrium central. Le concert mettait en vedette Sandra Sutter, une artiste-compositeur-interprète, poète et cinéaste métisse crie, Wyatt C. Louis, un auteur-compositeur-interprète nêhiyaw, et Willie Thrasher, un auteur-compositeur-interprète inuvaluit, accompagné de sa partenaire Linda Saddleback. Le spectacle s’est terminé avec une danse en cercle, invitant artistes et foule à se joindre les mains pour un dernier moment touchant.

Je vais rejoindre Alex au Palomino, un immense restaurant et smokehouse avec salle de spectacle au sous-sol. Ils érigent également une scène improvisée à l’étage principal, le temps du festival. Après une prestation de synthétiseur modulaire par ​​Evan Hardy et une autre par la chanteuse folk-électro shn shn, les deux excellentes, j’en profite pour luncher sur la terrasse et profiter de la météo sublime. 

Sarah Davachi à la Central United Church.

C’est le dernier soir de programmation à la Central United Church, et ça commence en force avec une performance improvisée entre Niloufar Shiri, une compositrice iranienne qui joue le kamânche, et le compositeur électro-acoustique Caleb Klager. Ensuite, le violoncelliste Michael Peter Olsen remplace Laurel Halo, qui doit annuler sa présence en raison de problèmes de vol. Pour une prestation de dernière minute, il réussit à offrir un spectacle assuré. Le fait qu’il soit accompagné par son cousin, avec lequel il n’a pas joué depuis leur enfance mais qui s’adonne être à Calgary, est très touchant.

Pour la performance finale à la Calgary United Church, la compositrice avant-garde de Calgary, maintenant basée en Californie, Sarah Davachi décide de profiter de l’orgue qui nous regardait en pleine face ces trois derniers jours. Elle nous offre une prestation minimaliste, virant au drone, qui me fait vibrer de l’intérieur. Puissant.

Je termine la soirée à la Légion où je peine à rester éveillé malgré une succession de performances à haute intensité, incluant la productrice punk électro montréalaise Kee Avil, le batteur conceptuel japonais mineo kawasaki, la chanteuse électro-pop Tess Roby et l'icône de la pop expérimentale argentinienne Juana Molina. J’aime tout mais la fatigue l’emporte et je quitte avant la fin du dernier spectacle. 

Samedi 22 juin

Je me lève tôt pour participer à l’enregistrement du dernier épisode de la saison chez Les Malins à distance. Je prends la direction Inglewood, un quartier beau mais gentrifié de l’autre côté de la rivière, pour me rendre au Esker Foundation et visionner l’exposition de l’artiste et professeure Deanna Bowen, de laquelle vous pouvez voir l’œuvre photographique monumentale sur la façade du Musée des beaux-arts à Ottawa. L’exposition, intitulée Black Drones in the Hive, explore les nuances du pouvoir à travers ses recherches dans les archives publiques et privées. C’est profond et dérangeant.

L’exposition Black Drones in the Hive de Deanna Bowen au Esker Foundation.

SuKha Never Dies au Modern Love.

Ensuite je rejoins Alex pour luncher au Blackfoot Truckstop Diner, une institution calgarienne et une expérience d’une autre époque. On se laisse et j’en profite pour faire une partie du River Walk, apprécier les aménagements et l’accès aux berges. Je reviens au centre-ville en empruntant l’avenue piétonne Stephens et je m’arrête prendre une crème glacée dans la Plaza Olympique et observer la ville. Je suis agréablement surpris par l’infrastructure cycliste et piétonne de la ville, Ottawa et Gatineau pourraient s’en inspirer. Je fais un tour au Sled Alley, le block party gratuit annuel du festival. L’activité tire clairement à sa fin et la motivation restante des gens aux kiosques semble mince. 

Je file donc directement à la terrasse sur le toit du Modern Love pour le showcase du Drum Beat Entertainment, le seul collectif électronique autochtone au Canada. La chaleur est assez accablante et je suis reconnaissant pour les brumisateurs au-dessus de la piste de danse. Ça se remplit assez rapidement et l’énergie des DJs et des gens est contagieuse. Après avoir dansé un bout, je descends pour voir la programmation intérieure. J’attrappe une partie de la performance de SuKha Never Dies, une chanteuse pop qui intègre des inspirations disparates dans ses performances, incluant le bollywood et le métal. Elle porte une longue robe en velour, qu’elle dit regretter dans cette chaleur, mais qui complète son look à merveille. Sa personnalité est magnétique et ses compositions enchanteuses. 

Je vais rejoindre des amis au restaurant mexicain Native Tongues pour un délicieux souper sur la terrasse. Une fois ma faim comblée et mon énergie renouvelée, Alex et moi nous dirigeons vers la Légion pour mes derniers spectacles de la soirée.

L’énergie chaotique de D.Blavatsky à la Légion.

Ça commence avec le duo L4ZR GR1D, un projet électronique de Calgary avec des sonorités punk. La chanteuse Alix Au se donne corps et âme sur scène, je suis heureux de faire cette nouvelle découverte. Je monte au deuxième étage pour le spectacle de D.Blavatsky, qui vient tout juste d’arriver en ville en direct d’une résidence créative en Islande. Elle arrive à l’heure où sa prestation est censée débuter, et doit faire son sound check devant l’audience. C’est un début un peu chaotique, mais qui sera représentatif de la performance à suivre, pour toutes les bonnes raisons. Plusieurs mosh pits, un speaker qui est presque en flammes, un plancher qui peine à supporter le poids de la foule, on se dirait dans un rave punk. Nous sommes tous en sueur à la fin de la prestation. Je comptais rester pour le dernier spectacle de la soirée par les commissaires du festival, le groupe hardcore Show Me The Body, mais ma fatigue me ratrappe et je juge prudent aller me coucher afin de ne pas tomber endormi debout (ça m’est déjà arrivé). 

Dimanche 23 juin

C’est déjà/enfin le dernier jour du festival. Après une très bonne nuit de sommeil, je décide de profiter de la belle journée et de visiter les divers parcs à proximité. Je ramasse un petit déjeuner à la boulangerie Alforno et je m’installe au bord de la rivière bow sur l’île Prince avec vue sur le pont de la Paix. Le parc de l’île Prince est majestueux, avec tous les services nécessaires pour vraiment en profiter, incluant des toilettes, des fontaines d’eau, un pavillon pour les événements (aujourd’hui c’est une festival de bouffe indienne), et plusieurs places pour s’asseoir. C’est également une réserve faunique avec plusieurs sentiers accessibles à tous. Le parc est très achalandé, mais jamais de façon dérangeante. La vue sur Calgary est sublime. 

La vue à partir de l’observatoire du Mount Pleasant.

Je retourne à l’hôtel pour faire un peu de travail et me rafraîchir avant de rejoindre des amis pour un pique-nique. On termine de manger et on fait un tour au café S’more Please! pour leur micro ouvert blues. C’est très intime et cute, avec une friperie au deuxième étage. On jase avec les musiciens pour un bout avant de continuer sur notre chemin. On traverse l’iconique pont de la rue Centre, avec ses immenses lions guetteurs, pour grimper vers l’observatoire Mount Pleasant. Je profite de ce moment de calme pour vraiment apprécier la ville et ma semaine. On redescend lentement et retournons au centre-ville. Je quitte mes nouvelles amies, qui doivent aller préparer leur voyage de camping, et je contemple le reste de ma soirée. 

Il reste un soir de spectacles au Palomino Smokehouse, mais je doute de mon niveau d’énergie. Mais je profite du tramway gratuit au centre-ville pour faire un arrêt rapide à l’hôtel pour prendre une douche, et je retourne sur le tramway qui me dépose juste à côté du Palomino. J’arrive à temps pour le musicien japonais mineo kawasaki, que j’avais entendu le vendredi précédent, mais avec une vue très obstruée. Cette fois-ci je me place près de l’avant et je peux mieux apprécier la prouesse du batteur expérimental. Il est visiblement ému par la réaction de la foule, et avec peu de mots professe son appréciation pour son expérience au festival. C’est un moment parfait, et, à risque de finir le festival sur une fausse note, je décide de terminer mon marathon ici.

mineo kawasaki au Palomino Smokehouse.

En attendant mon vol tôt le lendemain matin, je me fais un compte-rendu mental de ma semaine et je constate à quel point mes préjugés sur Calgary étaient mal fondés. J’avais de hautes attentes du festival en tant que tel, et ces attentes ont été atteintes, mais c’est la ville qui m’a le plus surprise. Faut admettre que je n’ai pas tant aventuré très loin du centre-ville, et je ne connais pas la réalité des gens qui habitent à Calgary à temps plein, mais ce que j’ai observé en quelques jours m’a beaucoup impressionné. J’ai trouvé l’architecture pas nécessairement belle mais beaucoup plus intéressante que Gatineau et Ottawa. Leur préservation du patrimoine bâti est aussi à féliciter. Le transport en commun était facile à utiliser, et m’a permis de me rendre partout où je devais aller. En tant que piéton je me sentais en sécurité, avec des trottoirs larges et beaucoup de temps pour traverser les grands boulevards. Les pistes cyclables sont nombreuses et protégées. L’accès à l’eau et aux places publiques est principalement réservé aux gens, et non aux voitures, ce qui est assez rare dans la région de la capitale nationale. Bref, je suis parti en me disant que j’avais hâte de revenir, pas du tout ce à quoi je m’attendais. Le festival était très bien organisé, facile d’accès, diversifié, avec une équipe souriante et accommodante. Un succès sur toute la ligne. À une prochaine fois peut-être ?